Quand j’ai débuté l’enseignement en maternelle, je me suis demandé s’il fallait apprendre aux élèves à écrire en capitale d’imprimerie (l’écriture bâton). J’étais séduite par la pédagogie Montessori qui n’utilise que la cursive mais j’avais cette impression, étayée par les différents manuels pédagogiques, qu’il fallait tout de même passer par la capitale d’imprimerie.

Aujourd’hui, parce que j’ai pu accumuler suffisamment d’expériences, d’observations et de pratiques mais aussi et surtout parce que l’instruction en famille de mes enfants m’a permis de comprendre quels étaient les véritables besoins de l’enfant en matière d’écriture, aujourd’hui, j’ai une réponse à mon interrogation.

Et, au risque de vous décevoir, la réponse n’est ni oui, ni non, puisqu’elle dépend de chaque enfant ! En même temps, est-ce vraiment bien étonnant de se dire que c’est de l’enfant que dépendent ses apprentissages ?

Analysons le schéma ensemble si vous le voulez bien.

Il y a tout d’abord une première entrée très importante : la motivation intrinsèque de l’enfant : a-t-il véritablement envie d’apprendre à écrire ?

Si la réponse est non, alors, laissons-le continuer son chemin et développer sa motricité fine pour aborder plus sereinement la cursive le moment venu.

Si la réponse est oui, il va alors falloir s’assurer de plusieurs critères.

L’enfant a-t-il une bonne motricité fine et une bonne tenue du crayon ? Si ce n’est pas le cas, alors, rien ne sert de lui imposer une étape supplémentaire qui le mettra en difficulté et laissons-le poursuivre le développement de sa motricité fine pour aborder sereinement la cursive le moment venu.

Si sa motricité fine et sa tenue sont bonnes, pourquoi ne pas passer directement à la cursive ? Eh oui ????

Enfin, si et seulement si l’enfant n’est pas tout à fait prêt pour la cursive, alors il peut s’essayer à la capitale d’imprimerie. Elle répondra certainement à ses besoins.

L’écriture cursive est l’écriture à privilégier car elle permet à l’enfant d’adopter des mouvements, des gestes plus naturels (continuité, fluidité…) que la capitale d’imprimerie. L’enfant qui ne s’intéresse pas à l’écriture ou qui présente des difficultés dans ses graphismes, ne devrait pas avoir à entrer dans cet apprentissage supplémentaire. Néanmoins, cette écriture peut être une belle source de motivation pour certains enfants qui veulent absolument apprendre à écrire, mais finalement, ces enfants ne sont-ils pas ceux qui sont également prêts à entrer dans la cursive ?

Pour conclure, l’écriture en capitale d’imprimerie ne correspond finalement qu’à peu d’enfants. Il serait dommage d’en faire un apprentissage systématique en classe, les programmes le rappellent bien : « Le geste graphique nécessaire à l’écriture en capitales, plus facile que la cursive, ne fait pas l’objet d’un enseignement systématique. »

D’ailleurs, il n’est pas nécessaire de passer par la capitale d’imprimerie pour apprendre à écrire en cursive…

Cela vous parle, qu’en pensez-vous ?